HAUT LES MASQUES

Grand paon de nuit montrant ses taches en forme d’œil


En cette période ou le port du masque est recommandé, voyons comment certains insectes utilisent cette technique comme moyen de défense.
Serions-nous prêt à les imiter ? Hum pas si sûr !

LES FAUX YEUX
Le bluff est l’une des techniques souvent employée. Quand on est petit, quoi de plus ingénieux que de se faire plus imposant en montrant de gros yeux.
Certains papillons portent l
e nom de paon, en référence aux taches colorées en forme d’œil de leurs ailes, qui ressemblent aux dessins de la queue des paons.
L’apparition brusque de ces faux yeux surprend l’agresseur et permet à l’insecte de gagner quelques précieuses secondes pour s’enfuir. Ces taches font également office de diversion, car c'est souvent vers elles que le
prédateur dirigera son attaque. Celles-ci étant souvent situées assez loin des organes vitaux de l’animal, leur destruction n’entrainera pas la mort de l’animal.

Sphinx demi paon (Smerinthus ocellata) exhibant brusquement ses ailes inférieures

Des papillons de nuit comme le grand et petit paon de nuit possèdent ces taches sur les quatre ailes, tandis que le sphinx demi paon affiche, comme son nom l’indique, ces taches que sur les ailes inférieures, ce qui est encore plus impressionnant quand il les découvre d’un seul coup.

 

Parmi les espèces diurnes le paon du jour est le plus remarquable. L’envers de ses ailes de couleur très sombre lui permet de passer totalement inaperçu quand il hiverne dans une cavité obscure. Mais si un intrus le déranger, il ouvre brutalement ses ailes dévoilant « ses gros yeux » en émettant une sorte de cliquetis et des vibrations qui auraient parait-il le pouvoir de faire fuir les mulots.

 

Grand sphinx de la vigne (Pergesa elpenor)

Les chenilles ne sont pas en reste, celles des sphinx de la vigne possèdent des taches sur le haut du corps. En rentrant leur tête, elles font saillir les bourrelets où figurent ces dessins en forme d’œil, ce qui leur donne l’allure de petits serpents.


LES DEGUISEMENTS
D’autres astucieux insectes utilisent différents éléments pour se camoufler.
Pas besoin de chercher loin pour se déguiser quand on a tout à portée de main, si l’on peut dire. En effet les premiers éléments disponibles, désolé pour les personnes délicates, sont le caca et le pipi.

La larve du Criocère du lis en est la championne, pour passer inaperçue elle se dissimule sous une épaisse couche de ses propres excréments ce qui fait que peu d’oiseaux la mettent à leur menu. Il faut être perspicace pour trouver la bête.


Plus délicate, les larves de cassides portent leurs excréments sur une petite fourche au-dessus de leur dos. Selon les espèces ces « coléoptères tortue » de la famille des chrysomèles se nourrissent de chardons, ou de différentes labiées.

 

Après le caca le pipi, pour se dissimuler la larve de la cicadelle a choisi de vivre au sein de son urine, dans laquelle elle insuffle de l’air pour l’émulsionner. C’est le "crachat de coucou" que l’on trouve au printemps sur de nombreuses plantes. Dès le mois de juin ces crachats disparaissent et les petites larves qu’ils contenaient deviennent cicadelles ou cercopes rouges et noirs, sortes de petites « cigales » au saut puissant, qui se nourrissent de la sève des plantes.

 

La rencontre avec la larve de la réduve masquée, reste toujours surprenante car on a l’impression d’observer un grain de poussière qui se déplace, tant le camouflage est subtil. Elle fixe sur elle tous les grains de poussières qu’elle rencontre, ce qui la dissimule totalement au regard et fait disparaitre sa forme de punaise. L’adulte de couleur noire vit également dans les recoins poussiéreux des maisons comme les caves et les greniers où il chasse différentes petites bêtes comme les insectes et les cloportes.

 

La larve de chrysope est une active chasseresse de pucerons, elle se pare de ses propres mues et de celles des pucerons pour se dissimiler. Les adultes portent des ailes aux fines nervures vertes et de merveilleux yeux d’or. Ils mangent pucerons et pollen selon les espèces.

 

Pour se cacher au fond des milieux aquatiques, les larves des phryganes rassemblent différents éléments qui vont des petites brindilles, aux coquilles d’escargot, en passant par les grains de sable. Ces éléments dépendent des espèces et surtout des milieux dans lesquels elles vivent. Ces larves se nourrissent de débris végétaux. De couleur marron, les adultes sont surtout nocturnes et passent souvent inaperçus. L’élément terrestre trouve aussi son équivalent parmi les papillons psychés dont les chenilles vivent dans des fourreaux de végétaux secs. Chez ces discrets petits papillons de nuit, seuls les mâles sont ailés.

Chenille de papillon Psychée dans son fourreau

 

Retrouvez ces photos dans la galerie avec les adultes correspondants aux larves,
ainsi que d’autres espèces exotiques spectaculaires.  Galerie photos

Quelques sorties nature reprennent à partir du 27 juin.
Rendez-vous sur le site de CLIMAX pour les découvrir.

Au plaisir de vous retrouver derrière vos masques

 

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Commentaires: 6
  • #1

    Jean-Pierre Turpin (jeudi, 18 juin 2020 18:20)

    Merci pour ces remarquables photos.
    La réduve masquée m'était inconnue.
    Elle se protège du Covid19?

  • #2

    JY Drouet (jeudi, 18 juin 2020 20:48)

    Une belle rencontre avec nos amis de la nature, merci pour ces rendez-vous sympathiques

  • #3

    Thierry B. (jeudi, 18 juin 2020 21:36)

    Bonjour Gérard,
    Article toujours aussi intéressant. C'est toujours un plaisir de retrouver ce blog. Merci de partager tout ce savoir.
    À bientôt.

  • #4

    laurence Canciani (vendredi, 19 juin 2020 13:53)

    Voilà la réponse alors!
    pourquoi ce Printemps plus que les autres années, mes fraisiers, framboisiers, rosiers et autres végétaux étaient pleins de ''crachats''?
    Ouf, pas de dégâts, puisqu'il y a eu une belle production pour de sacrés desserts.
    très bonnes infos, je te garde Gérard quelques pâtes de fruits à la framboise !!

  • #5

    Michelle (lundi, 22 juin 2020 12:15)

    "Haut les masques" !! et avec ton reportage, c'est à présent "Bas les masques". Documentaire plus que d'actualité et d'à propos, pour lequel je te remercie. L'opération camouflage que tu nous dévoiles est très intéressant.
    Merci de nous partager toutes tes connaissances (inépuisables) ..
    Aurais-tu une recette pour l'opération "décamouflage" ou "bas les masques" pour les humains ???

    A bientôt.

  • #6

    patrick Baude (mercredi, 24 juin 2020 11:49)

    Bonjour, un réel plaisir de découvrir ce travail passionnant et bien illustré Bravo. J'ai un site "chemin-des-plumes.fr qui reprend dans sa partie blog des infos sur la nature: m'autorisez vous à diffuser ce travail? Cordialement