LES OISEAUX DU JARDIN

La mésange bleue est un visiteur régulier des jardins. Sa nidification récente sur un chêne situé
sur le chantier de la A69 a permit de stopper l’abattage des arbres. (D'après Reporterre)

Le 28 janvier dernier a eu lieu le comptage des oiseaux de jardin. Mais ce jour là, à part les habituelles mésanges bleues et charbonnières, les oiseaux de mon jardin sont allés se faire voir ailleurs.
Un esprit de contradiction qui fait tout le charme d’une nature libre et imprévisible qui nous oblige à être toujours vigilants dans nos observations. 

Bagarre à la mangeoire

Cet hiver, les oiseaux m’ont rendu visite le vendredi 12 janvier. Un jour normal, plutôt maussade par rapport à la journée de la veille ensoleillée. La température douce n’incitait pas à fréquenter la mangeoire et pourtant de nombreux oiseaux s’ébattaient dans le jardin ce jour là. Les verdiers, que je n’avais pas vus depuis longtemps, toujours très batailleurs à la mangeoire, tenaient la place face aux autres oiseaux, même le rouge gorge se tenait à distance.

 

Le pouillot véloce suspend parfois sa migration quand l’hiver est doux. 

Dans l’épicéa voisin, le roitelet huppé et une femelle de fauvette à tête noire accompagnent le pouillot à la recherche des petits insectes qui se cachent parmi les aiguilles. 

 

Les mésanges à longue queue vivent en petits groupes, ce qui leur permet de mieux survivre à l’hiver.

Les mésanges à longue queue, devenues Orites, se pendent parmi les chatons de noisetier. Sur le lierre les pigeons ramiers et les étourneaux se gavent de baies.
Les grives mauvis préfèrent les fruits du houx, mais cette année elles furent moins présentes car il reste encore beaucoup de fruits sur l’arbre. 

 

Avec sa couleur discrète, l’accenteur mouchet est difficile à repérer sur le sol.

L’accenteur mouchet se nourrit beaucoup au sol où il sautille parmi les feuilles mortes, accompagnés par les moineaux et les pinsons qui récupèrent les graines tombées à terre. Il ne doit pas être confondu avec le moineau au bec plus épais. Bientôt il nous charmera de son chant mélodieux lancé du haut des arbres.

Une vingtaine d’espèces furent observées le 12 janvier, pas mal pour le petit jardin d’une banlieue où les coins de verdure disparaissent au profit de nouvelles constructions. 

Ce fut le seul jour de l’hiver où les oiseaux se sont manifestés. Malgré ce petit sursaut, il faut reconnaitre que depuis plusieurs dizaines d’année le nombre d’oiseaux ne cesse de décroitre. Fortement impacté par les effets de l’agriculture intensive, l’usage des pesticides, la disparition des haies, la banalisation du paysage certains oiseaux se réfugient dans les parcs et jardins des villes. C’est le cas des corvidés très opportunistes; pies, corneilles et même geais fréquentent de plus en plus les jardins. Sans oublier les espèces invasives comme la perruche à collier qui devient de plus en plus présente.

La perruche à collier, un bel oiseau dont la présence est tolérée avec modération

FAVORISER LES OISEAUX

Face à cette baisse considérable, les propriétaires de petits jardins ont un rôle à jouer dans l’accueil des oiseaux.
La distribution de nourriture en hiver et la pose de nichoirs n’est pas la seule solution. Les oiseaux ont besoin de milieux variés afin que chaque espèce puisse trouver sa place pour se nourrir ou s’abriter. Il est important de diversifier l’espace en créant des lieux de vie différents.
Une petite mare, des herbes folles, des buissons épais, des arbres. Même un arbre mort peut être conservé. On observera sa dégradation au gré du temps et les nombreuses espèces qui l’accompagnent : champignons, insectes, abeilles solitaires et peut être pic…

Le pic vert souvent entendu mais rarement vu, prend quelques repos dans l’épicéa avant de gagner
la pelouse voisine pour rechercher les vers

Il ne s’agit pas de transformer votre jardin en jungle inextricable, la pelouse peut être conservée à condition d’y tolérer quelques fleurs sauvages comme les pissenlits, pâquerettes, trèfles… et de ne pas tondre trop ras. Elle sera appréciée des insectes et des merles ou du pic vert qui y chercheront des vers. 

Au printemps le bouvreuil pivoine cueille les graines de pissenlit sur la pelouse

Les arbustes à fruits sauvages sont appréciés, lierre, houx, aubépine… qui ne seront pas taillés de mi mars à mi juillet afin de conserver la tranquillité des oiseaux en cas de nidification.
La prédation due aux chats n’est pas à négliger. La LPO estime à 75 millions d’oiseaux tués par les chats pendant une année. Pour freiner cet hécatombe, les propriétaires de chats doivent limiter les sorties du matin et du soir quand les oiseaux sont les plus actifs et munir le chat d’un collier porteur de 2 clochettes qui avertissent ses proies lors de ses déplacements. 

 

Chardonneret consommant des graines d’onagre

Malgré l’obsession de certains de « faire propre » le maintien de quelques vieilles hampes de fleurs desséchées : cardère, chardons, onagre… qui contiennent encore quelques graines, feront le bonheur des oiseaux de passage. 

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Commentaires: 5
  • #1

    Jean-Pierre Turpin (samedi, 30 mars 2024 17:55)

    Belles photos. Le bouvreuil devient rare. Je ne l'entends que rarement. Par contre, du fait de mon voisinage avec la forêt de Bercé, je peux voir les 6 pics qui fréquentent la région.

  • #2

    Thierry B. (samedi, 30 mars 2024 20:03)

    Bonjour Gérard,
    Merci beaucoup pour cet article aux si jolies photos. Les oiseaux qui animent nos jardins nous offrent toujours un si beau spectacle, par leurs couleurs et leurs comportements.
    Ce matin j'ai pu assister à la cour d'une pue mâle, monsieur faisait les yeux doux à sa belle. A bientôt pour de merveilleuses aventures naturalistes.

  • #3

    Didier Vétillard (lundi, 01 avril 2024 16:28)

    Nous n'habitons poutant pas loin mais ici la diversité d'oiseaux est bien moindre...malgré une mare, du bois mort, du nourrisement et de la biodiversité...
    Photos magnifiques as usual!

  • #4

    Christian Berquer (mardi, 02 avril 2024 08:55)

    Salut Gérard,
    Super ton reportage, comme d'hab. !
    Le dernier WE de janvier, j'ai fait comme chaque année le comptage des oiseaux dans notre jardin.
    J'étais surpris de voir très peu de pinsons des arbres cette fois, et aucun pinson du nord (l'hiver a été beaucoup trop chaud). Sinon, en entomo j'ai repris mes battages dans les arbustes environnants, avec quelques petits coléos intéressants.
    Bises de nous deux à vous partager.
    Christian

  • #5

    Michelle (jeudi, 04 avril 2024 19:00)

    Mon cher Gérard,
    Tu es un véritable puits de science. On ne se lasse pas de te lire et toujours ébahis par cette connaissance de la nature que tu nous offres. Merci pour ces superbes photos ainsi que pour ton partage généreux. Retiendrons-nous les noms de tous ces charmants volatiles à plumes ? J'en doute :-) Mais il est certain que nous serons plus attentifs aux espèces qui sont présents dans le jardin.
    Merci,
    Michelle et Jérôme