UNE VISITE A L’ILE FLEURIE

 A l’origine cette ile était un ensemble d’ilots. Ils furent reliés par des digues dès 1681 lors de la construction de la machine de Marly, énorme pompe, destinée à alimenter les grandes eaux du château de Versailles.

L’ile s’étend sur 12 Km, elle est principalement située dans les Yvelines à la limite des Hauts de Seine à l’exception de l’extrémité Nord-Est qui se trouve en Val d’Oise. Nous nous proposons de rejoindre cette dernière partie qui a été classée en Espace Naturel Sensible sur une surface de 8 Hectares.

La dénomination de l’ile peut changer en fonction des communes qui l’administrent et des anciens noms donnés aux ilots avant leurs rattachements. On notera l’ile de la Loge à port Marly, l’ile de la Chaussée à Bougival, l’ile de la Grenouillère à Croissy, l’ile des Impressionnistes à Chatou, l’ile Fleurie à Carrières sur Seine et l’ile St Martin ou de la Morue à Bezons.

L’accès se fait par le pont de Chatou au niveau de la maison Fournaise, haut lieu de l’impressionnisme. Au-delà du centre EDF et du golf gardé par un rhinocéros rouge, l’ile devient plus sauvage. Une importante végétation s’est implantée sur cette partie qui semble avoir été oubliée. Cependant un sentier est maintenu ce qui montre que l’ile est quand même fréquentée malgré son aspect délaissé et les pancartes dissuasives placées à l’entrée. La végétation est si dense qu’il est difficile de s’imaginer sur une ile en pleine banlieue parisienne.

Cette forêt alluviale est composée principalement de frênes, peupliers, saules, aulnes... On notera la forte présence d’espèces invasives tel que l’ailante, quelques massifs de renouée du japon, et de nombreux buddleias encore en fleurs à mi-septembre. Cette plante demanderait à être limitée mais elle attire de nombreux papillons toujours agréables à découvrir. Nous avons observé en particulier un flambé, peu courant en ile de France, un individu de passage car cette espèce plutôt méridionale est lié aux prairies sèches bordées de Prunus mahaleb, la plante hôte de sa chenille. Les vanesses paon de jour, vulcain et Robert le diable sont également présentes, le nombre important d’orties devraient faire le bonheur de leurs chenilles.

L’ile est enjambée par l’autoroute A14, dont les piliers affichent l’expression de quelques graphistes locaux, ainsi que deux ponts ferroviaires. La limite entre les Yvelines et le Val d’Oise se situe entre les 2 derniers ponts.

Si la densité de la végétation nous fait oublier la présence proche de la ville, les déchets utilisés pour combler certaines zones du bout de l’ile, nous ramènent tristement à la réalité. A regretter aussi que les rares zones dégagées qui nous offrent un regard sur le fleuve, nous montrent souvent sur les rives d’en face, des bâtiments industriels ou modernes qui nous font regretter le temps des impressionnistes.
Des arbres morts accueillent quelques champignons lignicoles et servent de perchoirs aux oiseaux tels que mouettes rieuses, héron cendré ou grands cormorans. L’absence de feuilles leur permet de surveiller plus facilement les alentours.

La fin de parcours est assez vallonnée, surprenant pour une ile que l’on suppose plate. Ce phénomène est dû aux remblaiements issus du dragage de la Seine. Des portions plus basses subsistent, il est dangereux de s’y aventurer en période de crue car ces parties sont régulièrement inondées.
Un dernier monticule sableux et nous voici face à l’extrémité de l’ile. De grosses aubépines se dressent au milieu d’Erigerons en fleurs qui confirment la dénomination d’ile fleurie, dommage que cette plante fasse partie des invasives.

Un délicat passage sur une planche branlante nous amène au bout de l’ile où s’élève un petit bâtiment, seul vestige du barrage à aiguilles qui barrait le Seine pour réguler le cours du fleuve et faciliter le passage des bateaux en période de sécheresse. Construit en 1832, le barrage fut détruit en 1932 car il n’était plus adapté à la navigation moderne.
Nous croisons une famille de cygnes qui a élu domicile à cet endroit.
Une flèche bleue suivit d’un petit cri strident, jaillit le long de la berge, le martin pêcheur semble surpris de notre présence. Nous le laisserons à sa pêche car les petits poissons sont nombreux ici dans les eaux claires de la Seine. Nous repartons vers la civilisation, soit près de 7 Km aller-retour.